« Combattre le harcèlement scolaire ». C’est l’idée maitresse de la proposition de loi déposée par le député MoDem Erwan Balanant ; loi qui vise à « prévenir, accompagner et protéger » nos enfants, dans un contexte de haine en ligne qui décuple et un monde de plus en plus connecté.
Un phénomène immémorial décuplé par les réseaux sociaux
Le phénomène de harcèlement tel qu’on le connaît est ancien : de tous temps des individus s’estimant en position de force, ou à l’abri des sanctions, ont abusé d’une position dominante pour exercer des pressions répétées, psychologiquement traumatisantes, sur d’autres individus moins assertifs qu’eux-mêmes… Phénomène pour ainsi dire naturel qui n’attend certainement pas l’âge adulte puisque les gros bras de la cour d’école, ou les forts en gueule ont toujours fait peser une forme d’abus sur les plus petits et les plus faibles. Indice aussi, parfois de l’apparition de certains troubles psychiques, chez les victimes comme chez les harceleurs.
Sur le plan académique, le concept a été forgé par le psychologue Dan Olweus au début des années 1970 lorsqu’il réalisait des études sur le rôle des pairs dans la constitution du harcèlement scolaire des établissements scandinaves. Les élèves victimes de harcèlement étaient plus enclins aux troubles de l’attention, à la mésestime de soi, et leur isolement social était largement amplifié, dans la sphère scolaire comme personnelle.
Depuis, le harcèlement s’est métamorphosé, et a pris de l’ampleur, au rythme de l’évolution des nouvelles technologies. L’émergence des réseaux sociaux, les messageries instantanées, forums, chats, et jeux en ligne, a fait naître le ‘cyberharcèlement’, défini comme : "un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule". Car si à l’époque le harcèlement s’inscrivait dans le cadre de la vie scolaire de l’enfant et cessait à la sortie de l’établissement, aujourd’hui, il se prolonge par le biais de nouveaux canaux de communication permanente tels que les réseaux sociaux, ce qui peut occasionner des traumatismes dévastateurs sur les enfants et adolescents. Et les chiffres augmentent d’année en année. Dans une étude du Pew Research Center, 60% des parents déclarent que leurs enfants âgés de 14 à 18 ans sont victimes de cyberharcèlement. Les types de cyberharcèlement sont variés et nombreux, allant des injures offensantes (42%), à la diffusion de fausses rumeurs (32%), la réception d’images explicites non-sollicitées (25%), aux menaces physiques (16%), et au partage d’images explicites sans consentement (7%). À la différence du harcèlement dans « le monde réel », les possibilités d’anonymat et le sentiment d’impunité sont amplifiés, ce qui réduit encore plus le niveau d’empathie des agresseurs ; les capacités de disséminations sont démultipliées, ainsi les victimes n’ont aucun répit.
Une loi pour combattre et prévenir le harcèlement
En conséquence, les gouvernements introduisent des lois pour contrer ce fléau. Et d’abord en cherchant à dissuader par la répression. La mesure phare de la loi Balanant est son article 4, qui vise à modifier le code pénal pour y créer un délit de harcèlement scolaire. "Ces faits seront punis de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 € d’amende lorsqu’ils auront causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours, de cinq ans d’emprisonnement et 75.000€ d’amende lorsqu’ils auront causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours et de 10 ans d’emprisonnement et à 150.000 € d’amende lorsqu’ils auront conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider".
En matière de prévention cette loi vise, en plus des amendes et années d’emprisonnement possibles, à encourager les établissements scolaires à mettre en place davantage de moyens et d’actions concrètes, pour prévenir et traiter les cas de harcèlement, et orienter victimes et auteurs vers des associations pouvant les accompagner efficacement.
Mais ces mesures législatives et institutionnelles risquent d’avoir des effets limités si elles ne s’accompagnent d’une approche plus globale des intéressés et de leur entourage. Une étude de Rachel Young et Melissa Tully établit qu’être en contact avec ses pairs et sa famille permettrait de réduire fortement le cyberharcèlement. En effet, leurs résultats suggèrent la nécessité d'améliorer la communication entre les parents et les enfants sur les réponses à avoir à la cyberintimidation, et préconise de maintenir la discussion sur l'évolution rapide des normes parentales et de la technologie numérique. De plus, une enquête en ligne réalisée auprès d’adolescents âgés de 12 à 25 ans, en Australie du Sud, illustre à quel point les relations sociales sont un facteur significatif dans la réduction du cyberharcèlement. 64 % d’entre eux expliquent avoir ressenti un impact négatif concernant leur sentiment de sécurité et leur capacité d’apprentissage à l’école, et qu’une augmentation de la connectivité sociale avait un impact significatif sur leur bien-être en classe.
Les réseaux sociaux ne sont donc pas sans danger pour les enfants. En effet, ces derniers peuvent y être exposés à des images ou à des contenus inappropriés, des images pornographiques, mais également des images de cruauté et de violence. Les réseaux sociaux étant ouverts à tous, il est impossible d’empêcher que des mineurs puissent voir et avoir accès à ce genre de contenus. Le rôle des parents, déjà souligné ci-dessus en termes d’accompagnement des situations de harcèlement, est encore plus crucial en matière de contrôle préventif sur le téléphone et la vie virtuelle de leurs enfants : par exemple en installant un contrôle parental efficace sur l’appareil, et en instaurant un ‘couvre-feu technologique’ au domicile, en désactivant le wifi à partir d’une certaine heure ou en récupérant le téléphone de son enfant.
D’ailleurs, ce sont les élites de la Silicon Valley, qui donnent l’exemple en la matière en préservant leur enfants des propres produits qui ont fait leur fortune : pas d’écrans avant l’âge de 14 ans pour les enfants de Bill Gates, pas de smartphones ou iPad pour les enfants de Steve Jobs, interdiction d’avoir Facebook pour l’ancien-vice-président de Facebook, et jamais d’écran dans la chambre chez Chris Anderson, PDG de 3D Robotics. On ne peut que regretter que ces personnalités ne médiatisent pas autant leurs mesures éducatives que les produits de leurs marques.
Un phénomène immémorial décuplé par les réseaux sociaux
Le phénomène de harcèlement tel qu’on le connaît est ancien : de tous temps des individus s’estimant en position de force, ou à l’abri des sanctions, ont abusé d’une position dominante pour exercer des pressions répétées, psychologiquement traumatisantes, sur d’autres individus moins assertifs qu’eux-mêmes… Phénomène pour ainsi dire naturel qui n’attend certainement pas l’âge adulte puisque les gros bras de la cour d’école, ou les forts en gueule ont toujours fait peser une forme d’abus sur les plus petits et les plus faibles. Indice aussi, parfois de l’apparition de certains troubles psychiques, chez les victimes comme chez les harceleurs.
Sur le plan académique, le concept a été forgé par le psychologue Dan Olweus au début des années 1970 lorsqu’il réalisait des études sur le rôle des pairs dans la constitution du harcèlement scolaire des établissements scandinaves. Les élèves victimes de harcèlement étaient plus enclins aux troubles de l’attention, à la mésestime de soi, et leur isolement social était largement amplifié, dans la sphère scolaire comme personnelle.
Depuis, le harcèlement s’est métamorphosé, et a pris de l’ampleur, au rythme de l’évolution des nouvelles technologies. L’émergence des réseaux sociaux, les messageries instantanées, forums, chats, et jeux en ligne, a fait naître le ‘cyberharcèlement’, défini comme : "un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule". Car si à l’époque le harcèlement s’inscrivait dans le cadre de la vie scolaire de l’enfant et cessait à la sortie de l’établissement, aujourd’hui, il se prolonge par le biais de nouveaux canaux de communication permanente tels que les réseaux sociaux, ce qui peut occasionner des traumatismes dévastateurs sur les enfants et adolescents. Et les chiffres augmentent d’année en année. Dans une étude du Pew Research Center, 60% des parents déclarent que leurs enfants âgés de 14 à 18 ans sont victimes de cyberharcèlement. Les types de cyberharcèlement sont variés et nombreux, allant des injures offensantes (42%), à la diffusion de fausses rumeurs (32%), la réception d’images explicites non-sollicitées (25%), aux menaces physiques (16%), et au partage d’images explicites sans consentement (7%). À la différence du harcèlement dans « le monde réel », les possibilités d’anonymat et le sentiment d’impunité sont amplifiés, ce qui réduit encore plus le niveau d’empathie des agresseurs ; les capacités de disséminations sont démultipliées, ainsi les victimes n’ont aucun répit.
Une loi pour combattre et prévenir le harcèlement
En conséquence, les gouvernements introduisent des lois pour contrer ce fléau. Et d’abord en cherchant à dissuader par la répression. La mesure phare de la loi Balanant est son article 4, qui vise à modifier le code pénal pour y créer un délit de harcèlement scolaire. "Ces faits seront punis de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 € d’amende lorsqu’ils auront causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours, de cinq ans d’emprisonnement et 75.000€ d’amende lorsqu’ils auront causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours et de 10 ans d’emprisonnement et à 150.000 € d’amende lorsqu’ils auront conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider".
En matière de prévention cette loi vise, en plus des amendes et années d’emprisonnement possibles, à encourager les établissements scolaires à mettre en place davantage de moyens et d’actions concrètes, pour prévenir et traiter les cas de harcèlement, et orienter victimes et auteurs vers des associations pouvant les accompagner efficacement.
Mais ces mesures législatives et institutionnelles risquent d’avoir des effets limités si elles ne s’accompagnent d’une approche plus globale des intéressés et de leur entourage. Une étude de Rachel Young et Melissa Tully établit qu’être en contact avec ses pairs et sa famille permettrait de réduire fortement le cyberharcèlement. En effet, leurs résultats suggèrent la nécessité d'améliorer la communication entre les parents et les enfants sur les réponses à avoir à la cyberintimidation, et préconise de maintenir la discussion sur l'évolution rapide des normes parentales et de la technologie numérique. De plus, une enquête en ligne réalisée auprès d’adolescents âgés de 12 à 25 ans, en Australie du Sud, illustre à quel point les relations sociales sont un facteur significatif dans la réduction du cyberharcèlement. 64 % d’entre eux expliquent avoir ressenti un impact négatif concernant leur sentiment de sécurité et leur capacité d’apprentissage à l’école, et qu’une augmentation de la connectivité sociale avait un impact significatif sur leur bien-être en classe.
Les réseaux sociaux ne sont donc pas sans danger pour les enfants. En effet, ces derniers peuvent y être exposés à des images ou à des contenus inappropriés, des images pornographiques, mais également des images de cruauté et de violence. Les réseaux sociaux étant ouverts à tous, il est impossible d’empêcher que des mineurs puissent voir et avoir accès à ce genre de contenus. Le rôle des parents, déjà souligné ci-dessus en termes d’accompagnement des situations de harcèlement, est encore plus crucial en matière de contrôle préventif sur le téléphone et la vie virtuelle de leurs enfants : par exemple en installant un contrôle parental efficace sur l’appareil, et en instaurant un ‘couvre-feu technologique’ au domicile, en désactivant le wifi à partir d’une certaine heure ou en récupérant le téléphone de son enfant.
D’ailleurs, ce sont les élites de la Silicon Valley, qui donnent l’exemple en la matière en préservant leur enfants des propres produits qui ont fait leur fortune : pas d’écrans avant l’âge de 14 ans pour les enfants de Bill Gates, pas de smartphones ou iPad pour les enfants de Steve Jobs, interdiction d’avoir Facebook pour l’ancien-vice-président de Facebook, et jamais d’écran dans la chambre chez Chris Anderson, PDG de 3D Robotics. On ne peut que regretter que ces personnalités ne médiatisent pas autant leurs mesures éducatives que les produits de leurs marques.